Figurez-vous qu´il y a quelques semaines, la seule rétine viable qui lui restait, se rompait. Elle se déchirait. Remettant absolument tout en question.

Frédéric vous raconte son histoire...

"Je m´appelle Frédéric Creuze. Je suis né en 1967, atteint d’une cataracte congénitale. J´ai été opéré quatre fois des deux yeux, dans les années 70. Et suite à ces interventions, j’ai fait un décollement de rétine. Dans la bataille, les chirurgiens ont sauvé ce qu’ils ont pu. Suite à ces déboires, il ne me resta plus, à l´époque, que 2/10 à l’oeil gauche avec correction. Et malheureusement, je perdis le droit.

Un jour ensoleillé du mois de mars dernier, je revenais de ballade. Ce faisant - malgré le fait que je portais des lunettes de soleil adaptées à ma vue, j’ai remarqué une "tache" d’éblouissement dans le coin gauche de l´œil.

Je me suis dit, un peu pour me rassurer, que ce n’était pas grave, que les choses  allaient rentrer dans l’ordre. Et j’ai  patienté deux jours. Mais après ce délai, la tache était toujours là.  Alors inquiet, j’ai pris rendez-vous chez mon ophtalmologue. Ayant des antécédants de glaucome,  il a mesuré la tention oculaire. Elle était anormalement élevée.

Je laissais là mon occuliste et rentrais chez moi, avec une prescription supplémentaire de gouttes. Ceci afin de faire redescendre la tension. Et éventuellement de faire disparaître ce point d´éblouissement, qui demeurait dans le coin de mon champ de vision.

J’ai suivi scrupuleusement ce traitement pendant une semaine. Et la gêne perçue au départ  a bien disparu. Cependant, elle s’est transformée en autre chose : un effet goutte d’eau, qui jour après jour, progressait en traversant  le champ visuel en oblique.

Au fil du temps, la sensation a évolué. Cela devenait d´avantage gênant. En effet, apparurent, comme des éclaires, sur les bords de cette goutte d´eau. Et là, panique à bord!

Je me suis rendu en 2-4-6, au service ophtalmo de l’hôpital de Dunkerque. Après une échographie et un fond d’œil, ils m’ont diagnostiqué un décollement de rétine.

Il prirent rendez-vous pour moi, de toute urgence ,à l’hôpital Huriez de Lille, pour le lendemain matin. Et je rentrais chez moi plus qu’inquiet.

Au matin, direction Lille et après avoir refait tous les tests,  le décollement était confirmé. Il fallait opérer de suite. Mais la malchance a voulu que tout se passe le vendredi précédant le weekend pascal. L´opération chirurgicale était donc programmée pouur le mercredi suivant.

J´étais effondré. J´avais peur de perdre le peu de vue qu´il me restait. Je craignais également de ne plus pouvoir faire de la photo: l´une de mes raisons de vivre. Enfin et surtout, j´étais effrayé de ne plus être capable de voir le visage de mon épouse. Malvoyante comme moi, elle est atteinte, elle, d’une rétinite pigmentaire en phase terminale.

Le ciel m’était tombé sur la tête. Mais entre deux coups de blues, j’arrivais malgré tout à réagir. Je retrouvais du baume au cœur. Je tentais  de relativiser et de conserver un mince espoir.

J’ai passé les trois jours suivants, les yeux fermés, afin de me préparer au pire. Mais aussi pour perdre mes repères et éviter d’être complètement désemparé à mon retour de l´ intervention, au cas où...

Le jour de l´opération arriva finalement. Et tout se déroula très bien. La rétine fut ressoudée au laser. Et ils injectèrent du gaz. Je devais impérativement rester couché. Ceci afin que le gaz fasse pression sur la rétine et la maintienne collée.

Après la chirurgie, un gros hématome m´empêchait d´ouvrir l’œil. Je restais par conséquant, obligé d´experimenter la  cécité totale pendant trois semaines. Une éternité. Le temps que tout dégonfle.

Un infirmier passa quatre fois par jour, pour me mettre cinq types de gouttes différentes. Et peu à peu, la lumière revint. Waouw! Quel soulagement et quelle joie! L’hématome parti, je retrouvais une vision partielle. La bulle de gaz, provoquant un effet de miroir laiteux,  petit à petit rétrécissait.  Ces conséquences disparurent en même temps que celle que j’avais surnommée affectueusement « bubulle ».

Depuis, tout commence à rentrer dans l’ordre. Après plusieurs contrôles, j’ai pratiquement retrouvé la totalité de mon acuité. Je perçois cependant une virgule trouble, occasionnant de l’éblouissement. C’est assez embêtant, mais par rapport à ce que je viens de traverser... Je suis très heureux du résultat.

 

Je remercie infiniment le Docteur Serghini de m’avoir sauvé la vue!"

Propos rapportés et transcrits par  Sébastien Joachim